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samedi, avril 20, 2024

Objectifs 2020 du HIV : des avancées inégales

Alors que s’est ouverte lundi 6 juillet la 23ème conférence de la Société Internationale sur le Sida (IAS), en format virtuel à cause du COVID-19, l’ONUSIDA publie son rapport annuel dans lequel il fait état de l’échec de la réalisation des objectifs mondiaux fixés pour 2020. Le risque de revenir dix ans en arrière est envisagé si la pandémie du coronavirus interrompt les actions de lutte contre le VIH.

Le nouveau rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) souligne la disparité des avancées d’une région ou d’un pays à l’autre, conséquence du déploiement inégal de l’accès à la thérapie antirétrovirale. Intitulé « Agissons maintenant » le document souligne l’urgence de redoubler d’efforts et d’agir sans tarder pour soigner les millions de personnes laissées de côté. Il constate que depuis 2015, 3,5 millions d’infections au VIH et 820.000 décès supplémentaires liés au sida sont imputables à des objectifs non atteints.

« Des actions efficaces devront être menées chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida. » Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

Situation dans le monde Les nouvelles infections au VIH ont explosé de 72 % depuis 2010 en Europe de l’Est et en Asie centrale. Leur nombre a également bondi de 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et de 21 % en Amérique latine. Environ 62 % des nouvelles infections au VIH concernent les populations clés et leurs partenaires sexuels, comme les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnels du sexe, les consommateurs de drogues et la population incarcérée, alors même qu’elles ne représentent qu’une très faible part de la population globale.

Avancées enregistrées

Quatorze pays ont atteint le triple objectif 90-90-90 du traitement contre le VIH dont sept africains (Botswana, Eswatini, Namibie, Rwanda, Ouganda, Zambie, Zimbabwe). Trois Etats sont proches de l’objectif à savoir le Kenya, le Malawi et la Tanzanie. Ce qui signifie que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 90% des personnes se sachant séropositives suivent un traitement antirétroviral et que 90% des personnes sous traitement antirétroviral présentent une charge virale indétectable. Les progrès sont particuliers en Afrique orientale et australe, où les nouvelles infections au VIH ont reculé de 38 %, depuis 2010. Le déploiement de la thérapie antirétrovirale a sauvé des millions de vies, en particulier celles des femmes, et évité des millions de nouvelles infections.

Obstacles

Le monde a accumulé un grand retard dans la prévention de nouvelles infections au VIH. Près d’1,7 million de personnes a contracté le virus, soit plus du triple de l’objectif mondial. Stigmatisation, discrimination, autres inégalités sociales et exclusion forment autant d’obstacles stratégiques. Les populations marginalisées qui redoutent le jugement, la violence ou les arrestations rencontrent des difficultés à accéder aux services de santé sexuelle et de la reproduction, notamment en lien avec la contraception et la prévention. Sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH, 12,6 millions n’avaient pas accès au traitement vital. Lorsque des services sont accessibles, le taux de transmission chute littéralement. Une couverture efficace a réduit les inégalités et le taux d’incidence des nouvelles infections au VIH en Eswatini, au Lesotho et en Afrique du Sud.

« Nous ne pouvons pas puiser dans les financements d’une maladie pour en soigner une autre. Le VIH et la COVID-19 doivent bénéficier de financements exhaustifs pour éviter la perte massive de vies humaines. » Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

VIH & COVID-19

Pour lutter contre les épidémies conjuguées de VIH et de COVID-19, l’ONUSIDA et ses partenaires mènent une campagne mondiale en faveur d’un vaccin universel contre le coronavirus. Il presse aussi les pays à augmenter leurs investissements pour combattre ces deux maladies. Les investissements pour lutter contre le VIH ont chuté de 7 % entre 2017 et 2019. Actuellement sur les 26,2 milliards de dollars nécessaire pour riposter efficacement au VIH pour 2020, il manque 30 % du budget.