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vendredi, avril 19, 2024

Le Prix Nobel de la Paix attribué, conjointement, à deux militants agissant contre la violence sexuelle

Nadia Murad, militante des droits des Yézidis, première Ambassadrice de bonne volonté pour la dignité des victimes de la traite des êtres humains de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et le Dr Denis Mukwege, gynécologue venant en aide aux victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo (RDC), sont les lauréats 2018 du prix Nobel de la Paix.

La Présidente du Comité Nobel, Berit Reiss-Andersen a déclaré que « Denis Mukwege et Nadia Murad ont tous les deux risqué personnellement leur vie en luttant courageusement contre les crimes de guerre et en demandant justice pour les victimes. »

Nadia Murad est la première survivante de la traite des êtres humains à être ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies. En 2014, à l’âge de 19 ans, Murad et des milliers d’autres femmes ont été kidnappées dans le village de Kocho, à Sinjar, dans le nord de l’Iraq. Prise en otage, elle a été victime de graves abus de la part de combattants de l’EIIL. Elle s’est échappée après trois mois de captivité. Selon le chef de l’ONUDC, elle nous rappelle que nous devons toujours écouter les personnes les plus touchées par les crimes que nous cherchons à faire cesser et que leurs témoignages doivent éclairer et renforcer nos efforts pour que justice soit rendue. Elle a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour la dignité des victimes de la traite des êtres humains en 2016. Fin septembre 2018 son mandat a été renouvelé.

« Le prix Nobel de la paix 2018 est vraiment un honneur bien mérité pour notre ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC, Nadia Murad, qui a été une voix courageuse et puissante pour les survivants de la traite des êtres humains et les victimes de violences sexuelles en tant qu’arme de conflit. » Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’ONUDC

Surnommé par la presse L’homme qui répare les femmes, le Dr Denis Mukwege, a déjà été récompensé en Europe, aux États-Unis et en Asie pour le travail qu’il effectue dans l’hôpital de Panzi, situé dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo. Depuis près de deux décennies il opère les femmes violées, victimes d’horribles sévices sexuels, victimes de la guerre dans le Nord-Est du pays.

A force de côtoyer l’horreur et de constater l’augmentation des agressions sur des personnes de plus en plus jeunes, voire des bébés, Denis Mukwege se bat pour que le viol soit reconnu comme arme de guerre. Chaque jour, l’hôpital accueille des dizaines de femmes en provenance de la région mais aussi du Rwanda ou du Burundi. Ardent défenseur des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le gynécologue a, plusieurs fois, échappé à des tentatives d’assassinat.

« C’est une reconnaissance bien méritée pour ces deux militants extraordinairement courageux, persévérants et efficaces contre le fléau de la violence sexuelle. » Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme.

Nadia Murad et le Dr Denis Mukwege recevront le Prix Nobel le 10 décembre à Oslo. La récompense consiste en une médaille d’or, un diplôme et un chèque de 9 millions de couronnes suédoises (environ 865.000 Euros). Elle est remise à la date anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896).