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vendredi, avril 19, 2024

Hommes et femmes différemment touchés par le COVID-19

Alors que le coronavirus poursuit sa rapide propagation à travers le monde, professionnels de la santé et experts ne peuvent que constater l’importance du genre, déterminant la façon dont les personnes sont touchées. D’une part, les hommes sont plus enclins à être infectés et à mourir lorsqu’ils sont hospitalisés pour des formes graves. D’autre part, les femmes constituent la majorité des travailleurs de la santé dans le monde et à ce titre, sont naturellement plus exposées.

Plus de morts masculines

Une analyse des patients COVID-19 enregistrés en Chine de décembre 2019 à février 2020 souligne que les hommes représentent environ 60% des personnes infectées tombant malade. Selon le Centre chinois de contrôle des maladies, le taux de mortalité chez des infections masculines confirmées était environ 65% plus élevé que les féminines. Même constatation en Corée du Sud. Les hommes représentaient près de 62% de tous les cas, et ceux infectés avaient 89% plus de chance de mourir que les femmes.

Idem en Europe où l’agence italienne de recherche en santé publique, constate que 60% des cas de coronavirus et 70% des décès dans le pays jusqu’à présent (mars 2020) sont survenus chez des hommes. Selon les experts, la fragilité de la population masculine face au coronavirus s’expliquerait, entre autres, par le fait qu’elle soit majoritairement fumeuse. Ainsi leurs poumons sont endommagés et deviennent un terrain fertile aux inflammations. Mais selon les scientifiques qui ont étudié d’autres formes de coronavirus (SARS & MERS), les hormones œstrogènes pourraient également avoir un rôle important dans la protection des femmes face au COVID-19.

Les femmes majorité des travailleurs de la santé dans le monde

D’après une analyse de 104 pays réalisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS/2019), environ 70% de la main-d’œuvre mondiale des soins de santé est composée de femmes. Dans la province chinoise du Hubei, où le virus est apparu pour la première fois, plus de 90% des agents de santé sont féminines. Les premières études locales montrent qu’elles sont les plus exposées en raison de leur rôle. Pour rappel, fin février, on comptait au moins 3.300 agents de santé qui avaient contracté le virus dont 13 sont décédés, selon les autorités sanitaires locales.

Dans la région Europe, l’OMS souligne que 43% des docteurs sont des femmes et 84% sont infirmières. En Espagne, d’après un rapport publié le 23 avril par le Centre Européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) environ 20% des travailleurs de la santé étaient infectés par le COVID-19, soit 35,295 des cas enregistrés dans le pays.

Aux Etats-Unis, où le nombre de cas ne cesse de grimper, le US Census Bureau annonce que les femmes occupent 76% des emplois dans le secteur de la santé. Et dans le domaine des soins infirmiers, où les travailleurs sont en première ligne des interactions avec les patients, elles représentent plus de 85% des effectifs. On craint que la ruée des personnes testées positives vers les hôpitaux surcharge les agents de santé, les affaiblisse et finisse par les rendre à leur tour très vulnérables.

Opportunité

L’actuelle épidémie de COVID-19 est source de désarroi, et souvent de peurs. Elle met à nu les faiblesses d’une société mondialisée, hyper connectée, qui se sentait invincible dans une vie à 2.000 à l’heure où mobilité extrême et maîtrise des fuseaux horaires était la norme. Cette crise sanitaire mondiale aura peut-être non seulement le mérite d’offrir une formidable opportunité de ralentir le tempo, de retrouver de vraies valeurs, mais également de désormais, scientifiquement et politiquement, prendre en compte la question de sexospécificité.