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jeudi, mars 28, 2024

Commerce 2018: la solidité de la croissance repose sur les choix de politique

La croissance du commerce mondial des marchandises devrait rester forte en 2018 et 2019 après avoir enregistré en 2017 sa plus forte hausse en six ans. Selon les économistes de l’OMC, la poursuite de cette expansion est tributaire d’une croissance économique mondiale forte et de la mise en œuvre par les gouvernements de politiques monétaires, budgétaires et surtout commerciales appropriées.

L’OMC prévoit pour 2018 une croissance de 4,4% du volume des échanges de marchandises, mesuré par la moyenne des exportations et des importations, soit une progression à peu près inchangée par rapport aux 4,7% enregistrés en 2017. Le taux de croissance devrait retomber à 4,0% en 2019, en dessous du taux moyen de 4,8% enregistré depuis 1990, mais toujours nettement au‑dessus de la moyenne d’après crise (3,0%). Toutefois, certains signes indiquent que l’escalade des tensions commerciales pourrait déjà affecter la confiance des entreprises et les décisions d’investissement, ce qui pourrait compromettre les perspectives actuelles.

« La forte croissance du commerce que nous observons aujourd’hui sera vitale pour entretenir la croissance et la reprise économique et pour soutenir la création d’emplois. Cependant, ces progrès importants pourraient être rapidement compromis si les gouvernements recourent à des politiques commerciales restrictives, en particulier dans le cadre d’un processus de mesures et de contre-mesures qui pourrait conduire à une escalade ingérable. Un cycle de représailles est la dernière chose dont l’économie mondiale ait besoin. L’action collective est le meilleur moyen de régler les problèmes commerciaux urgents auxquels sont confrontés les Membres de l’OMC. J’exhorte les gouvernements à faire preuve de retenue et à régler leurs différends par le dialogue et un engagement résolu », a déclaré le Directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo.

La croissance du volume des échanges en 2017, la plus forte depuis 2011, est due principalement à des facteurs conjoncturels, en particulier la progression des dépenses d’investissement et de consommation. En valeur, les taux de croissance en dollars EU courants en 2017 (10,7% pour les exportations de marchandises, 7,4% pour les exportations de services commerciaux) ont été encore plus marqués, reflétant à la fois l’augmentation des quantités et la hausse des prix. La croissance du volume des échanges de marchandises en 2017 a peut-être aussi été quelque peu gonflée par la faiblesse des échanges observée au cours des deux années précédentes, d’où une base de départ plus basse pour l’expansion actuelle.

Jusqu’à peu de temps encore, les risques pesant sur les prévisions apparaissaient plus équilibrés que jamais depuis la crise financière. Toutefois, compte tenu des récentes évolutions des politiques commerciales, il convient maintenant de considérer qu’ils sont orientés à la baisse. Le recours accru à des mesures commerciales restrictives, et l’incertitude qu’elles suscitent chez les entreprises et les consommateurs, pourrait engendrer des cycles de représailles qui pèseraient lourdement sur le commerce et la production au niveau mondial. Un resserrement monétaire plus rapide par les banques centrales pourrait déclencher des fluctuations des taux de change et des flux de capitaux qui pourraient perturber tout autant les flux commerciaux. Enfin, il faut compter que l’aggravation des tensions géopolitiques va ralentir les flux commerciaux, même si leur impact ne peut être anticipé. Sous l’effet des changements technologiques, les conflits pourraient de plus en plus prendre la forme de cyberattaques, ce qui pourrait avoir autant ou plus d’impact sur le commerce des services que sur celui des marchandises.