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jeudi, mars 28, 2024

Café en Afrique de l’Est: Multitudes d’opportunités

Un nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) indique que les producteurs de café d’Éthiopie et du Burundi pourraient mieux exploiter tout le potentiel de leurs cafés en répondant à l’intérêt croissant pour les produits de qualité supérieure et pour la durabilité environnementale.

Dans un numéro spécial intitulé Coup d’œil sur les produits de base sur le café est-africain, la CNUCED rappelle que plus de 120 millions de personnes dans le monde dépendent du secteur du café, dont 25 millions de petits exploitants et de travailleurs du café, dont la moitié vivent en Afrique. L’Afrique de l’Est fournit 9% du café mondial.

« L’Éthiopie, berceau ancestral de variétés recherchées d’Arabica, et le Burundi, où le café est un pivot de l’économie depuis les années 1920, peuvent faire davantage pour tirer parti des micro-marchés à forte valeur ajoutée et prendre des mesures pour garantir la pérennité de leur offre. » Pamela Coke-Hamilton, Directrice de la division du commerce international des biens, des services, et des produits de base de la CNUCED

Parmi les facteurs qui menacent la pérennité de la production de café en Afrique de l’Est, la baisse de la qualité et de la productivité des cultivars, l’augmentation des coûts de production, et le manque d’intérêt des exploitants jeunes, lesquels connaissent les difficultés rencontrées par les générations précédentes pour vivre correctement de la culture du café.

L’étude de cas montre que l’instabilité de la production au Burundi est due aux cycles climatiques, au vieillissement des arbres, souvent âgés de plus de 40 ans, à la dégradation des sols, à l’absence de pratiques agricoles adaptées et, dans une certaine mesure, à l’instabilité politique. Selon la CNUCED, les exportations de café, avec le thé, représentent 90 % des recettes en devises du Burundi.

« Le Burundi ayant prouvé qu’il est capable de produire un excellent café prisé des consommateurs, tout devrait l’inciter à renforcer le pouvoir des petits exploitants grâce à une meilleure organisation des coopératives » 

Pour l’agence onusienne basée à Genève, le pays d’Afrique centrale devrait investir dans une intelligence économique qui aide les acteurs sur ce marché à mieux comprendre les facteurs liés à la demande croissante sur les micro-marchés d’importation. Une façon d’inviter Bujumbura à tirer parti de la réputation dont bénéficie le pays, « producteur apprécié de cafés originaux. »

Quant à l’Éthiopie, elle se heurte à un scénario analogue. Selon la CNUCED, son principal problème réside « dans la qualité irrégulière du café à laquelle s’ajoute la présence de ravageurs et de maladies, la variabilité climatique, les mauvaises pratiques agricoles, la formation insuffisante des producteurs, sans compter une organisation et une gestion de la chaîne de valeur insuffisantes. » Il reste cependant des pistes d’amélioration, particulièrement du côté de la rémunération des producteurs.

« L’Éthiopie est naturellement riche en variétés de café, ce qui lui permet de bénéficier de la différenciation des marchés et des produits », a déclaré Mme Coke-Hamilton. En effet Addis-Abeba dispose d’un avantage comparatif important dans la production de café biologique, qui constitue en fait plus de 90 % de sa production totale.

Dans ses recommandations, la CNUCED plaide pour des mesures importantes pour garantir la pérennité de l’offre, en particulier dans le contexte d’une demande croissante. « Ces mesures pourraient consister notamment à renforcer la capacité des pays à améliorer les variétés de café, à promouvoir de meilleures pratiques agricoles », fait remarquer l’agence. Il s’agit aussi d’améliorer la répartition des recettes du café entre tous les acteurs de la chaîne de valeur, notamment en augmentant la part revenant aux producteurs, et à stimuler la consommation intérieure.

D’autant que le café reste caractérisé par une chaîne de valeur étendue qui n’est que partiellement présente dans les pays producteurs − la plus grande partie de la valeur est recueillie par les torréfacteurs industriels et les distributeurs des pays consommateurs, à savoir les pays développés.

De façon générale, l’enjeu pour les deux pays africains consiste aussi à un meilleur partage des richesses du café. A cet égard, la CNUCED rappelle le déséquilibre structurel de la chaîne de valeur du café, qui à l’image de bon nombre de pays producteurs, contribue à aggraver encore la pauvreté rurale. Cela conduit à des « problèmes connexes de l’insécurité alimentaire, du faible niveau d’éducation, du travail des enfants et de l’exode rural. »